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le 16 août 2018

Bleu Blanc Zèbre : « Aux actes, citoyens ! »

L’heure de la rentrée a sonné ! Celle du pouvoir d’agir de tout un chacun. Outillés grâce au numérique, c’est encore plus simple. Faire autrement du politique sans faire de politique ! C’est ce que propose Alexandre Jardin avec le collectif citoyen Bleu Blanc Zèbre. Cette plateforme web, tel un bâton de pèlerin 2.0, lui permet de rassembler toutes les personnes éminemment déterminées à passer à l’acte et à aider à la transformation du pays. Existe-t-il un exemple semblable dans d’autres pays ? « Non, mais ca tombe bien », vous dira-t-il. Pourquoi ? « Parce qu’on va le faire, et on va le faire tant qu’il en est encore temps ! » Un élan d’optimisme pour cette rentrée plutôt morose, cela fait du bien ! Faites connaissance avec les zèbres et découvrez sans plus tarder pourquoi il est urgent d’agir en parcourant cet entretien avec notre conférencier. Sa présentation du 11 septembre dernier lancait le cycle « Citoyen à l’heure du numérique ».

Pouvez-vous nous décrire qui sont ces mystérieux zèbres ?

L’engagement citoyen revêt aujourd’hui plusieurs visages. Toute personne prête à faire bouger les lignes rapidement est candidat potentiel à la zébrure. Le pouvoir d’agir de chaque citoyen peut se concrétiser de différentes façons. Trois ingrédients caractérisent plus précisément un zèbre : passer à l’action, être joyeux et accepter la différence de l’autre.

1 – Passer à l’action
Est-ce que tu fais et est-ce que tu es prêt à accueillir la population dans ce que tu fais ? Par la finalité de son action, qui propose une solution d’intérêt général, mais aussi par son modus operandi, un zèbre transforme notre pays avec une solution concrète qui marche. Qu’elles visent plus de solidarité, du développement économique ou tout simplement plus de confiance dans notre société, les actions de zèbres permettent de passer d’une société de spectateurs à une société d’acteurs. Rejoindre pour faire, voici donc le premier critère.

2 – Des gens joyeux

Aucun de ces zèbres n’est dépressif. Si on flaire dans un rendez-vous un grincheux, on ne le rappelle pas. Les zèbres sont de joyeux faiseurs, emprunts d’énergie positive.

3 – Accepter l’incroyable différence

On ne parviendra à remettre le pays en état de marche qu’en le faisant ensemble et chacun à sa manière. La diversité et le partage sont deux fondamentaux. Il faut bien qu’à un endroit puissent collaborer des gens de cultures politiques différentes, des gens de savoir-faire extrêmement variés. Bleu Blanc Zèbre offre cet espace de convergence de forces économiques de tailles diverses. Entreprises, associations, agents du service public, simple citoyens ou élus, les zèbres sont des « faizeux » de tous poils. Les uns proposent des solutions, les autres relaient et facilitent l’implantation sur leurs territoires.


Quelque chose doit avoir lieu, il faut bien que quelque chose ait lieu, on n’a pas tellement le choix, sinon on va dire quoi à nos enfants ?

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Alexandre Jardin voit le verre à moitié plein

Qu’est-ce qui fait qu’il y a urgence aujourd’hui ?

Le pays va prodigieusement mal ! Compte-tenu de la structure de nos institutions, nous avons un problème. Compte-tenu du discrédit général sur l’ensemble des partis républicains, nous avons aussi un problème. Une politique avec des élus sans crédit, ça ne marche pas : c’est glauque. Enfin, compte-tenu de l’énormité de notre dette et des soins extraordinaires que les gens de Bercy ont pris pour monter jusqu’à 35 % la proportion de notre dette à court terme…, nous avons… un problème ! Le moment est donc très particulier dans l’histoire de notre pays. Personne ne sait de quoi demain sera fait et personne ne croit que les systèmes tels qu’ils ont vécu peuvent perdurer. On est à un niveau exceptionnel d’absence de confiance en la classe politique. Donc, quelque chose doit avoir lieu, il le faut bien, on n’a pas tellement le choix. Sinon, on va dire quoi à nos enfants ? Moi, j’ai ma vie d’écrivain, mais à un moment, je ne peux pas uniquement être enfermé dans mon bureau à écrire des romans alors que le pays est en train de valdinguer.
Et puis aussi, il y a la France. C’est un endroit bizarre sur le globe où les êtres humains ont appris à rêver « universel ». Cela fait quelques siècles que ça nous trotte dans la tête. C’est une des grandes joies françaises que d’inventer des modèles. Alors on va le faire, justement parce que c’est dans notre ADN, dans notre manière de rêver la vie.

Un problème… une solution. Un appel à la révolution peut-être ?

Nous n’avons qu’un seul ticket. Je préfère que notre passage sur terre soit réjouissant ! Le cadre ne marche plus, il faut donc sortir du cadre et l’aventure y est fondamentale. Si on ne veut pas que notre pays bascule dans tous ses réflexes identitaires, il faut se bouger, et vite ! Il faut faire repartir notre pays dans les vingt-quatre mois ! Le collectif Bleu Blanc Zèbre, nous l’avons imaginé pour rallier le plus de citoyens possible et leur redonner le pouvoir d’agir. Est-ce un appel à la révolution ? Oui, en quelque sorte, mais très constructif. On n’est pas en train de flamber des préfectures, on est en train de construire et de le faire tous ensemble. Nous voulons mettre les gens dans l’action, pas dans la résignation. Ce qu’on essaie de faire, c’est d’articuler cette énergie positive et de faire naître un grand mouvement national en donnant de la visibilité aux zèbres et en faisant émerger des synergies entre différentes solutions qu’ils nous proposent.

Redémarrer le pays par les territoires, vous y croyez ?

Il y a quelque chose de magnifique dans ce pays qui n’a pas le moral. Il est en train de fabriquer ses anticorps. Nous n’imaginions pas nous retrouver là, il y a quelques mois.
Il ne faut pas attendre que l’on agisse à notre place. Et de nombreux citoyens partout sur les territoires l’ont compris. Un certain nombre de personnes responsables passent à l’acte, chacun sur le problème qui le touche et qui a le plus de sens pour lui. Ce n’est pas à Paris que cela va se jouer, c’est dans les territoires avec leurs spécificités propres. On ne peut pas faire fonctionner une république sans impliquer tout le monde. Chez les zèbres, on n’est candidat à rien sauf à augmenter le crédit moral de nos élus. C’est donc un appel à la fois aux « faizeux » mais aussi aux élus de proximité. On a imaginé un partenariat avec ces derniers. Ce sont eux les points de jonction avec le monde politique à un niveau local, le dernier rempart du capital confiance. Ce sont eux seuls qui, rapidement, peuvent permettre l’implantation d’initiatives existantes et efficaces un peu partout en France. Dans chaque commune, chaque quartier, une, cinq, dix actions simples pourront faire la différence. Nous allons à la rencontre des élus en leur proposant un bouquet de zèbres au plus proche des besoins de leur territoire. Est-ce que les gens qui ont encore une colonne vertébrale, qui sont capables de dire non à la fatalité et qui construisent des programmes très pragmatiques sont capables de s’unir ? C’est en tout cas le pari que nous tenons.

Un mot sur “ Lire et faire Lire ”, 1er zèbre du collectif ?

15 à 20 % des enfants ne maîtrisent pas l’écrit à l’entrée du collège. Le programme « Lire et faire lire » vaccine les enfants contre l’échec scolaire parce qu’un gosse fou de lecture ne sera jamais nullissime en classe. C’est un outil citoyen pour faire réussir notre école. On embarque depuis quinze ans maintenant des personnes de plus de 50 ans dans les écoles maternelles et primaires pour transmettre leur plaisir de la lecture aux enfants. Les livres sont des vecteurs pour créer du lien entre les générations et ils permettent aux gamins de pérenniser leurs acquis scolaires.


Ce que nous permet le digital, c’est plus de transversalité sur les territoires !
Cette transversalité du monde, elle existe, c’est une réalité. Cela fait vingt-cinq ans que ça a commencé, sauf que cette transversalité se retrouve encore peu dans la sphère publique. Donc, nous, on le fait sur le terrain avec les gens et toutes les bonnes volontés, et en France, il y en a beaucoup ! Rapidement, le mouvement va gagner les institutions en identifiant des chasseurs de zèbres dans les collectivités territoriales.
En 2014, nous devrions être en capacité de changer notre système sans être obligés de couper des têtes, non ? C’est ce que nous essayons modestement de faire en entraînant le pays dans cette dynamique positive... ça s’appelle les zèbres, pas les mammouths !

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Petite troupe de zèbres deviendra grande

De la « musique de riches » pour des enfants en difficulté, avec l’orchestre symphonique pilote de Gorges d’El-Sistema France, à l’entreprise de cosmétiques écologiques Les Terriennes qui lance son action concrète tournée vers l’emploi (A.C.T.E), les zèbres ne manquent pas en Loire-Atlantique. Les potentiels candidats à la zébrure non plus.
Tous sont convaincus et convaincants. Leur dénominateur commun : lutter contre la fatalité. « L’expérience de chacun peut et doit servir à tous », vous dira Jean-Philippe Emeriau. Zèbre depuis plusieurs mois maintenant, le fondateur d’Immodvisor.com propose une place publique 2.0 d’entraide immobilière. Sa plateforme, « du pur jus nantais », vous permet de trouver un professionnel de l’immobilier digne de confiance plus facilement.
Le dernier zèbre de Loire-Atlantique en date à avoir rejoint le mouvement était également présent le 11 septembre. L’association « Un parrain, Un emploi » implantée à Nantes et Saint-Nazaire existe depuis dix-huit ans. Représentée pour l’occasion par un de ses administrateurs, lui-même parrain, Marc Paulius, elle crée du lien entre demandeurs d’emploi et professionnels de leurs secteurs d’activité.
Dans un tout autre registre, Philippe Ollivier est également candidat à la zébrure. Fondateur du Café des pères, il est venu présenter son initiative de rencontres entre pères isolés, a priori, mais entre parents séparés de façon plus générale. Ont également témoigné : Richard Ponthou, prêt à rejoindre le collectif avec son projet de 1er boulangerie solidaire nantaise, ou encore Lyse Bordage, responsable des partenariats de la jeune pousse nantaise SportIn Town.
Cette belle troupe de zèbres et zébrions devrait prendre rapidement de l’ampleur. Attention toutefois à ne pas tomber dans les travers classiques des organisations qui se structurent et perdent en agilité. C’était en tout cas un des premiers sujets des nombreux échanges entre le public et Alexandre Jardin. Pour exemple, tout aussi convaincu que les solutions de demain ne seront pas dans les modèles connus, le délégué général de l’Ouvre-Boîtes 44 Frédéric Ratouit, serait prêt lui aussi à rejoindre le collectif après quinze années d’existence. Outre la question du relais politique, la question du modèle économique de ces initiatives locales a également été posée pour pérenniser dans le temps ces forces de propositions et de solutions.


Réunir dans un endroit les gens qui ont du crédit moral par le fait qu’ils mettent en œuvre une solution pour l’intérêt général. Voilà le point de départ de l’aventure Bleu Blanc Zèbre. L’outil numérique offre un espace pour le faire plus rapidement. Mais en aucun cas, cet espace ne se limitera à la sphère virtuelle. D’ores et déjà des rencontres de terrain s’organisent un peu partout, y compris en Loire-Atlantique.
Malgré les multiples bonnes volontés sur les territoires, les questionnements restent encore nombreux pour que le pari réussisse. Comment fait-on demain pour porter et soutenir ces initiatives citoyennes et qu’elles puissent survivre dans le temps ? Quel modèle économique viable pouvons-nous mettre en œuvre demain ? Quel lien avec le monde politique devrions-nous inventer ? Jusqu’à quel point l’outil numérique tel qu’il est utilisé dans ce cas de figure sera-t-il un levier de développement de nos territoires ?

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Le safari zèbres de Loire-Atlantique s’organise

Ils étaient plus d’une vingtaine – candidats à la zébrure, zèbres confirmés ou encore volontaires –, tous acteurs du changement, pour ancrer le collectif Bleu Blanc Zèbre en Loire-Atlantique. Réunis deux semaines seulement après la conférence, autour d’Aurélien Sallé et du zèbre Jean Benedetti, fondateur de Jobbers, leur rencontre du 30 septembre a permis en l’espace de trois heures de créer des synergies inédites entre ces porteurs d’actions. Découvrez-les sur le site du conseil de développement : cdla.loire-atlantique.fr
Économie collaborative, lien social et parrainage, bénévolat à la carte, et bien d’autres, vont pouvoir en toute transversalité se recroiser, s’essaimer, s’exporter…
Prochainement, un café zèbre ouvrira, tenu par deux référents bénévoles départementaux, Flavia Barros et Guillaume Chaussepied. Ils suivront la mobilisation des énergies positives de notre territoire et la mise en commun des expériences de chacun.

RDV sur bleublanczebre.fr

int(1992)

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